Les Différentes Causes de Résiliation du Bail Commercial
- Camille JOLY
- 9 sept. 2024
- 4 min de lecture

Le contrat de bail commercial est un élément fondamental des relations entre un bailleur et un locataire dans le cadre d'une activité commerciale, artisanale ou industrielle. Le statut des baux commerciaux est régi par le Code de commerce, qui encadre strictement les conditions de résiliation.
Cet article examine en détail les principales causes de résiliation d'un bail commercial.
1. La Résiliation de Droit du bail commercial (Résiliation Judiciaire)
La résiliation de droit, ou résiliation judiciaire, intervient lorsque l'une des parties ne respecte pas ses obligations contractuelles. Cette forme de résiliation nécessite l'intervention d'un juge, qui apprécie si le manquement du locataire ou du bailleur est suffisamment grave pour justifier la résiliation.
A. Manquements du Preneur
Le locataire peut être fautif pour diverses raisons, notamment :
Non-paiement des loyers : Le non-paiement des loyers et charges locatives est la cause la plus courante de résiliation judiciaire. En vertu de l'article L. 145-41 du Code de commerce, le bailleur peut demander la résiliation si une clause résolutoire a été insérée dans le bail, sous réserve de la mise en demeure et du respect du délai imparti au locataire pour se régulariser.
Usage non conforme du local : Si le locataire utilise le bien loué à des fins autres que celles prévues par le bail (changement d'activité, sous-location non autorisée), le bailleur peut également engager une procédure de résiliation judiciaire.
Dégradation des locaux : En cas de dégradations volontaires ou d'un défaut d'entretien grave de la part du locataire, compromettant ainsi la pérennité des lieux, la résiliation peut être envisagée.
B. Manquements du Bailleur
Le bailleur peut également être responsable de manquements entraînant la résiliation du bail, par exemple :
Non-respect de l'obligation de délivrance : Le bailleur est tenu de délivrer des locaux conformes à l'usage prévu dans le bail. Si les locaux deviennent insalubres ou inutilisables en raison d'une défaillance du bailleur, le locataire peut demander la résiliation judiciaire.
Troubles de jouissance : Si le bailleur trouble de manière significative la jouissance paisible des locaux loués (exemple : travaux incessants, bruit, violation de la clause de destination), le locataire peut solliciter la résiliation du bail.
2. La Résiliation Conventionnelle
Les parties peuvent également prévoir une résiliation par accord mutuel, appelée résiliation amiable ou conventionnelle. Cette option est plus souple et permet de mettre fin au bail dans des conditions définies par les parties.
Certaines clauses permettent aux parties de mettre fin au contrat de manière anticipée.
Parmi les clauses les plus courantes :
Clause résolutoire : Cette clause stipule que le bail sera automatiquement résilié en cas de manquement à une obligation contractuelle (non-paiement du loyer, usage non conforme, etc.), après mise en demeure.
Clause de résiliation à l'initiative du locataire ou du bailleur : Certaines clauses permettent au locataire de résilier le bail avant son terme, sous réserve de respecter un préavis (souvent six mois). Cela peut également être prévu pour le bailleur en cas de projet de vente du bien, par exemple.
3. La Résiliation pour Motif Légitime
En dehors des clauses contractuelles et des manquements graves, certaines situations légitiment la résiliation d'un bail commercial. Ces motifs sont souvent d'ordre extracontractuel et peuvent inclure :
La perte de la chose louée : Si les locaux sont détruits en totalité ou en partie par un sinistre (incendie, inondation, etc.) rendant leur usage impossible, le bail peut être résilié de plein droit.
Expropriation : En cas d'expropriation pour cause d'utilité publique, le locataire perd ses droits sur les lieux, et le bail est résilié de facto.
Changement de circonstances économiques : Bien que plus rare, certaines circonstances économiques majeures peuvent conduire à une résiliation anticipée si elles rendent impossible l'exploitation du local selon sa destination contractuelle (crise économique, faillite).
4. La Résiliation en Fin de Bail
Le bail commercial est conclu pour une durée minimale de neuf ans, conformément à l'article L. 145-4 du Code de commerce. À l'issue de cette période, les parties peuvent décider de ne pas renouveler le bail.
A. Non-renouvellement par le Bailleur
Le bailleur peut refuser le renouvellement du bail à l'expiration de la période contractuelle, sous réserve de verser au locataire une indemnité d'éviction (article L. 145-14 du Code de commerce), sauf en cas de motifs graves et légitimes (manquements du locataire, reprise personnelle pour exploitation, etc.).
B. Non-renouvellement par le Locataire
Le locataire peut également choisir de ne pas renouveler le bail à l'expiration de la période contractuelle. Toutefois, ce choix doit être clairement notifié au bailleur dans un délai précis, généralement six mois avant la fin du bail, faute de quoi le bail pourrait se renouveler tacitement pour une nouvelle période de trois ans (tacite reconduction).
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La résiliation d'un bail commercial peut intervenir pour diverses raisons, allant du manquement contractuel à des circonstances exceptionnelles. Que ce soit pour une résiliation judiciaire ou amiable, il est essentiel pour les parties de bien encadrer les conditions de cette résiliation dans le contrat et de respecter les règles strictes imposées par le Code de commerce.
Pour éviter les contentieux, il est conseillé de faire appel à un conseil juridique compétent afin de s'assurer que le bail respecte les intérêts de toutes les parties.
Maître Camille JOLY, avocate en droit immobilier